Les murs aussi ont des souvenirs.

Tu sais. Je fais des efforts. Vraiment. Mais c'est pas toujours aussi simple. Parfois quand je rentre chez moi après un super week-end, comme hier, tout me revient en pleine face. C'est comme si mon appartement me happait, et me distillait des pensées négatives. Tiens assieds-toi dans un coin et ressasse des pensées qui te donnent envie de crever. C'est plus autant qu'il y a quatre mois. Mais je sens que, parfois, ça me prend et ça ne veut pas me lâcher. 

Tu sais, c'est un peu comme si les murs avaient gardé toutes les émotions contenues ou non de notre relation, les coups de gueule, les joies intenses, les cris, les pleurs, le sexe, les rires, les photos, tout. 

Comme si rien ne serait plus jamais possible ici, entre ses murs. Avec quelqu'un d'autre. Comme si je ne pourrais plus jamais me projeter, m'impliquer, mais juste parce que c'est entre ces murs là. Ailleurs, ça aurait été différent. Tu comprends ? Ici, je me sens enfermée, libre de rien. J'ai beau changer les meubles de place, encore et encore. Mais rien n'évolue, le même sentiment fini toujours par creuser sa petite place et revenir. 

Je me dis parfois qu'il faut que j'arrête d'y penser, mais le fait d'essayer de se sortir une idée de la tête ne fait que la rendre plus persistante. Alors je me dis que je dois lâcher prise. Mais aucune de ces deux idées n'est la bonne solution. J'essaye, je te promets que j'essaye. Et que je vais y arriver même. 

Je fais des projets de changements dans l'appartement. La petite virée chez Ikéa samedi m'a donné plein d'idées. Ajouter des meubles, des cadres, des photos, changer des choses de place. Et surtout, surtout trier et jeter et donner et vendre.

Tout pour enfin arrêter de voir les choses en noir.