12 janvier, 2015

J'ai mal.

J'ai mal à la France. 

Mercredi, j'étais au boulot, encore innocente. En plein service... Et puis mon portable m'a envoyé plusieurs notifications Twitter me disant que mes contacts étaient beaucoup à parler de #CharlieHebdo, j'ai trouvé ça étrange, ai cliqué et suis tombée dans une tristesse sans fond...

Sur le moment, je n'ai pas compris. Comment Charb et Cabu avaien-ils pu mourir en même temps, ils étaient malades ? 

Pour moi, Charlie Hebdo, c'était le truc un peu graveleux que je n'avais pas le droit de lire, gamine. 
Et c'était parfois le journal qui allait un peu loin dans les caricatures... Mais bon, après tout, ils faisaient bien comme ils voulaient. 

Pour moi, Charb, Cabu et Wolinski, c'était un peu les "beaux livres" qu'on prenait à Noël à la librairie, histoire de, mais qu'on ne vendait pas forcément dans mon petit village de bobos hyper cathos.

Je ne suis pas devenue subitement Charlie, grande défenseure d'un journal que je n'ai jamais ouvert. 

J'ai d'abord pensé à la famille, aux amis, aux proches. A la vie que l'on décide de retirer, comme ça, d'un coup de kalachnikov, parce qu'on se croit supérieur et meilleur que les autres. J'ai pensé à la tristesse, aux gens qui se sont dit au revoir le matin, se sont engueulés peut-être, pensant se revoir le soir, et qui ne se sont jamais retrouvés.

Un froid immense m'a saisie de l'intérieur, dans mes os, et ne m'a plus quittée. 
Et tout a continué. 

Montrouge, jeudi matin. Où, quand, comment ? L'horreur continue. Une autre peur, plus insidieuse, cette fois : ma petite sœur est à l'école à Montrouge...

L'oise, vendredi matin... Une Clio braquée à une femme (je crois que l'on a su après que c'était en fait un homme), mais MERDE, ma mère et mon autre sœur ont toutes les deux une Clio...

Et puis porte de Vincennes, le cauchemar continue...

J'ai passé trois jours en stand-by. Comment continuer à mener une vie normale, à travailler normalement quand on a la sensation que notre pays est au milieu d'un mauvais téléfilm ?
Trois jours, coincée devant l'ordi, au boulot, sans pouvoir détourner mon regarde de la page du Monde Live.

Trois jours qui n'ont aboutit à aucun soulagement. Aucun des trois ne répondra jamais de ses actes, nous avons empêché la barbarie par la barbarie... Mais c'est mieux que rien, non ? Il parait que les 17 morts, les 17 enlevés à leurs famille et proches ont été "vengés"...

Ça, c'est l'avis de la plupart de mes "amis" facebook... J'en suis très heureuse. Ou pas. Très égoïstement, je crois que je suis heureuse de partir, de quitter ce pays si mal en point et surtout ces gens, qui se croient pleins de bon-sens mais ne font que débiter des banalités affligeantes.

Et puis dimanche. L'envie de se rendre à la marche, mais la peur, au fond, qu'il arrive quelque chose de grave, encore. La peur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. La peur a gagné. Je suis allée là-bas en pensée. 

Et pour une fois, depuis longtemps, je crois que j'ai été fière d'être française, fière de mon pays et de ce qu'il est capable de mener, parfois.

Un mal pour un bien ?

Photo par AFP, via Twitter
***

(C'est peut-être un peu "tard" pour parler de tout ça, ressasser des paroles déjà vues et revues, mais je crois que j'avais un peu besoin, comme beaucoup, de mettre des mots sur tout ça. 
Sur cette douleur immense que je ressens pour les proches, surtout. Puisque c'est ça qui prime. Avant tout, il ne faut pas oublier que des familles ont perdu l'un des leurs... 
C'est un acte à double tranchant... La nature humaine est capable de beaucoup de choses horribles, mais je crois que, dans un sens, tout ça m'a ouvert les yeux sur le monde et me redonne aussi, quelque part, foi.
N'oublions pas le Nigéria et Boko Haram dont nous n'avons pas entendu parler dans les médias, tout autocentrés que nous sommes... A lire ICI)
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2 commentaires:

  1. Comme toi, j'ai eu l'impression que le temps s'est mis en pause depuis mercredi midi. Peu importe mes activités, j'avais l'impression d'être glacée à l'intérieur...
    C'est vraiment triste qu'on soit obligé de passer par un "mal pour un bien". Je rêverais qu'il n'y ait que le bien, mais je crois que malheureusement ce ne sera qu'un rêve...

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  2. e réagis méga en retard mais j'ai ressenti tout pareil. Ma vie était en stand-by, j'avais du mal à me concentrer et tout un tas de sentiments différents, révolte mêlé à de la crainte... En tout cas il ne faisait pas bon traîner sur les réseaux sociaux... ça pouvait parfois s'avérer très énervant.

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