11 août, 2013

Tout l'amour que je porte à ma grand-mère.

C'est une belle histoire que je vais te raconter. Une histoire comme j'en raconte rarement. Un peu triste. Mais aussi, qui nous fait un peu rire. Jaune. 

Ma mamie s'est occupée de moi depuis que je suis toute petite. Je me rappelle encore de ces moments où elle nous gardait, mon cousin et moi. Il me tirait les cheveux sous la table et faisait caca vert parce qu'il buvait trop de menthe. J'ai très peu de souvenirs nets de cette époque. Mais ceux là en font partie. On cassait la croûte avec mon papy à onze heures du matin, saucisson et verre de vin. Générique de Dallas et des Feux de l'amour en fond sonore l'après-midi. 

Plus grande, pendant longtemps, quand j'en avais l'occasion, je regardais les Feux de l'amour, justement, pour appeler ma mamie et m'indigner avec elle des agissements des uns et des autres. 

Petits, donc. Et puis mon papy est tombé malade, gravement. Tout s'est arrêté. Je ne reviendrai pas sur le mal que ça m'a fait, qu'il disparaisse. Mais aussi que ma mamie ne soit plus là pour s'occuper de nous mais de lui. Je crois que je ne m'en suis jamais vraiment remise. J'ai le souvenir -confus cette fois- que je réclamais ma mamie tout le temps. 

Depuis que je suis petite, je l'ai toujours connue avec une bague, un Louis d'or monté en bague plus exactement. Qui appartenait à sa belle-mère. Mon arrière-grand-mère. Je crois lui avoir toujours réclamé. J'ai toujours aimé ce bijou, ce qu'il représentait, son poids, son côté un peu kitsch. Et puis ma mamie est tombé malade. Elle est toujours là, fatiguée, se battant toujours, depuis plus de dix ans. Mais toujours là. Elle a commencé à nous parler de ce qu'elle voulait nous donner le jour où elle ne serait plus là. Ce n'est pas marrant. Mais je pense que ce sont des sujets qu'il est important d'aborder alors je ne suis pas triste. Il est inutile de préciser que la bague, le Louis d'or, me revient. Il est à moi. Elle me l'a promis. 

A mon anniversaire, cette année. Vingt-quatre ans. Le sujet revient sur le tapis, il est plus ou moins devenu un sujet de blague entre nous. Il faut bien rire. Pour contrer la mort et la maladie. Le rire et les sourires sont les meilleurs remèdes. Je te le jure. Il faut rire blaguer, même des pires choses. Le jour de mes vingt-quatre ans. Elle me dit qu'elle a quelque chose pour moi, qu'elle espère que ça me plaira. 
Je pense tout de suite au Louis. Lui fait part de mon idée. Sa réponse est arrivée, horrible : "non, mais je vais bientôt te la donner, la bague...". J'ai fondu en larmes. Croyant qu'elle m'annonçait qu'elle se sentait partir, qu'elle n'allait plus se battre. Je ne l'avais pas laissée terminer. "Elle ne rentre plus sur mon doigt, j'ai les mains trop enflées". 

Et le soulagement. Les larmes encore, la peur. Mais aussi le rire, l'absurdité. Ma mamie est là. Encore. Et j'espère qu'elle attendra longtemps, très longtemps avant de me l'offrir. Ce bijou.

Photo trouvé là

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2 commentaires:

  1. Je t'envoie plein d'amour. Ton article m'a touchée. Rien est plus dur que dire adieu à ceux qu'on aime. Profite de tous les instants <3
    Bisous

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  2. C'est un billet très touchant. J'ai toujours eu des rapports privilégiés avec mes grand-parents et le décès du premier d'entre eux a été un déchirement, je crois que c'est (selon la logique) notre première véritable confrontation à la mort. Depuis, je n'en n'ai plus aucun mais je pense régulièrement à eux, avec beaucoup de tendresse ... et pfff, j'ai la larme à l'oeil.

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